On considère qu’une situation est tendue du point de vue de l’équilibre offre-demande lorsque RTE génère un ou plusieurs messages de manque d’offres concernant le mécanisme d’ajustement (alertes ou modes dégradés) afin que les acteurs complètent leurs offres.
Les situations tendues sont beaucoup plus fréquentes en 2020 que par le passé. La crise sanitaire est une des principales raisons de cette augmentation significative avec ses effets à la fois sur la consommation, difficilement prévisible par l’ensemble des acteurs sous les effets des mesures sanitaires inédites et répétées, et sur la production avec notamment une disponibilité nucléaire largement inférieure à la moyenne de juin à septembre.
A la hausse (lorsque la consommation d’électricité est supérieure à la production), leur nombre grimpe à 163 demi-journées soit plus de deux fois le niveau de 2019. Ces situations ont des origines variées liées à la disponibilité du parc de production (nombre et prolongation des maintenances, économie de combustible pendant l’été afin de préparer l’hiver, mouvements sociaux, indisponibilités fortuites, contraintes environnementales).
Le nombre de situations tendues à la baisse est lui aussi doublé par rapport à 2019 avec 28 demi-journées (voir « Pour mieux comprendre » ci-dessous). Ces situations s’observent principalement au cours du premier confinement lorsque la flexibilité à la baisse est sollicitée dans des conditions inédites.
Les situations tendues de l’équilibre offre-demande à la baisse
Bien que les situations tendues à la hausse (lorsque la demande d’électricité est supérieure à l’offre) soient plus intuitives, le réseau de transport d’électricité est parfois confronté à des cas de tension lors de surplus de production. Ces situations sont observées lors des creux de consommation (baisse d’activité due aux congés, aux week-ends et aux jours fériés). Elles sont plus nombreuses l’été, où la consommation est réduite, mais peuvent apparaître dès les week-ends de printemps, en particulier lorsque les productions éolienne et photovoltaïque sont importantes en Europe alors que la consommation y est faible.
Il peut alors être nécessaire à la France d’exporter massivement de l’énergie afin de ne pas se retrouver en excès de production. Lorsque les limites d’export sont atteintes, RTE peut demander la baisse ou l’arrêt momentané de groupes de production. La priorité donnée à l’utilisation de la production renouvelable fatale peut conduire en particulier à des baisses significatives de la production thermique à combustible fossile et nucléaire.
La fréquence de telles situations de surplus augmente ces dernières années notamment en raison de la poursuite du développement des énergies renouvelables (et de leur absence de participation aux mécanismes de marché permettant de les faire moduler) et de la hausse observée des contraintes de production minimum des groupes nucléaires (contraintes techniques déclarées par les centrales).