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Pour mieux comprendre

Le Mécanisme d'ajustement en bref

Le mécanisme d’ajustement permet à RTE de moduler les niveaux de la production, de la consommation et des échanges pour assurer en permanence l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité. Il est fondé sur des offres faites par les acteurs d’ajustement, sélectionnées selon la préséance économique au regard du besoin identifié.

Augmentation du volume global d'ajustement


En 2020, le volume global d’ajustement est au plus haut depuis 2004. Il s’établit à 10,1 TWh et représente 2,3 % de la consommation brute. Ce sont les ajustements à la hausse qui enregistrent la progression la plus importante avec +37 %. Ceci s’explique notamment par des mouvements sociaux en début d’année puis une indisponibilité importante des moyens de production durant l’été.
 
La filière hydraulique reste la plus sollicitée à la hausse. A la baisse, c’est le nucléaire qui permet de réaliser la plus grande partie des ajustements nécessaires. La contribution de l’étranger, en particulier des échangeurs allemands et suisses, au maintien de l’équilibre offre-demande en France est non négligeable. C’est notamment le cas à la hausse où les ajustements demandés sont au plus haut depuis le début du mécanisme et représentent près de 40 % du total.
 

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Situations tendues sur le mécanisme d’ajustement


On considère qu’une situation est tendue du point de vue de l’équilibre offre-demande lorsque RTE génère un ou plusieurs messages de manque d’offres concernant le mécanisme d’ajustement (alertes ou modes dégradés) afin que les acteurs complètent leurs offres.
 
Les situations tendues sont beaucoup plus fréquentes en 2020 que par le passé. La crise sanitaire est une des principales raisons de cette augmentation significative avec ses effets à la fois sur la consommation, difficilement prévisible par l’ensemble des acteurs sous les effets des mesures sanitaires inédites et répétées, et sur la production avec notamment une disponibilité nucléaire largement inférieure à la moyenne de juin à septembre.
 
A la hausse (lorsque la consommation d’électricité est supérieure à la production), leur nombre grimpe à 163 demi-journées soit plus de deux fois le niveau de 2019. Ces situations ont des origines variées liées à la disponibilité du parc de production (nombre et prolongation des maintenances, économie de combustible pendant l’été afin de préparer l’hiver, mouvements sociaux, indisponibilités fortuites, contraintes environnementales).
 
Le nombre de situations tendues à la baisse est lui aussi doublé par rapport à 2019 avec 28 demi-journées (voir « Pour mieux comprendre » ci-dessous). Ces situations s’observent principalement au cours du premier confinement lorsque la flexibilité à la baisse est sollicitée dans des conditions inédites.
 

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Les situations tendues de l’équilibre offre-demande à la baisse

Bien que les situations tendues à la hausse (lorsque la demande d’électricité est supérieure à l’offre) soient plus intuitives, le réseau de transport d’électricité est parfois confronté à des cas de tension lors de surplus de production. Ces situations sont observées lors des creux de consommation (baisse d’activité due aux congés, aux week-ends et aux jours fériés). Elles sont plus nombreuses l’été, où la consommation est réduite, mais peuvent apparaître dès les week-ends de printemps, en particulier lorsque les productions éolienne et photovoltaïque sont importantes en Europe alors que la consommation y est faible.
Il peut alors être nécessaire à la France d’exporter massivement de l’énergie afin de ne pas se retrouver en excès de production. Lorsque les limites d’export sont atteintes, RTE peut demander la baisse ou l’arrêt momentané de groupes de production. La priorité donnée à l’utilisation de la production renouvelable fatale peut conduire en particulier à des baisses significatives de la production thermique à combustible fossile et nucléaire.
 
La fréquence de telles situations de surplus augmente ces dernières années notamment en raison de la poursuite du développement des énergies renouvelables (et de leur absence de participation aux mécanismes de marché permettant de les faire moduler) et de la hausse observée des contraintes de production minimum des groupes nucléaires (contraintes techniques déclarées par les centrales).

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Le projet TERRE (Trans-European Replacement Reserve Exchange)

Né d’une coopération entre GRT lancée par RTE en 2013, le projet TERRE a été engagé pour remplacer BALIT (Balancing Inter-TSO); un mécanisme d’échanges bilatéraux d’énergie d’équilibrage entre l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni et la France. L’objectif fixé lors du lancement du projet était d’améliorer les coûts d’équilibrage à travers la création d’un nouveau mécanisme de marché en remplaçant les échanges bilatéraux par des échanges multilatéraux. De nouveaux pays ont alors montré leur intérêt pour ce nouveau mécanisme de marché et ont rejoint la coopération.
 

 
En 2017, les codes réseaux approuvés par la Commission Européenne et plus particulièrement le code « Electricity Balancing » s’inspirent de cette initiative pour inciter les GRT à définir de nouveaux produits standards d’équilibrage et à concevoir les mécanismes de marché et les plateformes nécessaires à l’échange de ces produits. Le projet devient alors un objectif majeur dans la construction de l’Europe de l’électricité.
L’objectif recherché par la Commission européenne avec la mise en place de ces nouvelles plateformes est de maximiser le surplus économique européen (optimisation du « social welfare ») en termes de coût d’équilibrage pour les GRT, et d’opportunités économiques pour les acteurs de marché. Il s’agit du premier couplage européen d’un marché d’équilibrage.
 
Avec l’arrivée de TERRE, RTE et les autres GRT pourront profiter des moyens de flexibilité disponibles au périmètre européen et ainsi mieux garantir l’équilibre offre-demande à tout instant. Les GRT auront accès à un carnet d’offres plus large qu’aujourd’hui et donc la possibilité de disposer de davantage de moyens de flexibilité et des prix plus intéressants. Par ailleurs, les acteurs d’ajustement pourront mettre leurs offres à disposition de nombreux GRT et auront donc des chances supplémentaires de valoriser leurs moyens d’ajustement sur un marché transfrontalier élargi et donc avec plus de demande.
 
Le mercredi 2 décembre, RTE effectue les premiers échanges d’énergie avec TERRE en ouvrant son premier guichet sur la plateforme. S’ouvre alors une phase d’exploitation sous contrôle pendant laquelle RTE ouvrira de plus en plus de guichets chaque jour jusqu’à atteindre un fonctionnement complet: un guichet par heure 7 jours sur 7 courant 2021.

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