Cette année la capacité de production nucléaire installée a diminué pour la première fois depuis 2009, passant de 63,1 GW à
61,4 GW. Cela fait suite à la fermeture définitive des deux derniers réacteurs de 900 MW de la centrale nucléaire de Fessenheim. La centrale a cessé de produire définitivement le 29 juin. Cette procédure acte la fin de la plus ancienne des centrales nucléaires françaises entrée en activité en 1977. Suite à cette fermeture, le parc nucléaire représente 45,1 % de la capacité totale française.
La production nucléaire sur l’année est en baisse de 11,6 % (44 TWh) par rapport à 2019 et se situe à son niveau le plus bas depuis 1993. Elle représente 67,1 % de la production totale d’électricité en France. La baisse de la production d’origine nucléaire s’explique par la fermeture de la centrale de Fessenheim, mais surtout par une moins bonne disponibilité des centrales et par la crise sanitaire. On estime à 34 TWh le déficit de production par rapport à 2019 lié directement à la crise COVID (voir l’étude des indisponibilités nucléaires ci-dessous).
Une indisponibilité nucléaire en forte hausse
Données de la plateforme européenne transparence ENTSO-E
La part des indisponibilités déclarées comme programmées représente l’essentiel des indisponibilités totales. Elles sont naturellement plus élevées sur les mois les plus doux de l’année, afin d’assurer une meilleure disponibilité en hiver, lorsque la demande d’électricité est plus importante.
Des durées de maintenances plus longues
En 2020, l’indisponibilité moyenne du parc nucléaire est en forte hausse : elle atteint en moyenne 22,3 GW contre 17,8 GW en 2019 avec pour conséquence une forte baisse de production nucléaire.
Le pic d’indisponibilité de l’année est atteint le 7 juillet 2020 avec 37,9 GW en moyenne sur la journée, soit plus de 60 % du parc installé. Il est la conséquence d’un chevauchement de nombreux cycles de maintenances simultanés sur le parc nucléaire français. En effet, 2020 est marquée par de nombreux prolongements de maintenance sur une grande partie des réacteurs nucléaires français, conséquence directe de la crise sanitaire qui a ralenti les travaux de maintenance des centrales. Par ailleurs, une partie des réacteurs a été arrêtée au second et au troisième trimestre de l’année afin d’économiser le combustible pour maximiser la disponibilité du parc nucléaire sur l’hiver 2020-2021, période pendant laquelle la consommation peut atteindre des niveaux élevés.
Un impact significatif de la crise
En janvier 2020, EDF prévoyait pour l’année sur l’ensemble de ses centrales nucléaires une indisponibilité inférieure de 11 GW à l’indisponibilité finalement constatée en fin d’année. Cette prévision, inférieure à celle finalement constatée, ne prend pas en compte les indisponibilités fortuites, les variations de PMD, les arrêts prolongés ou autres arrêts planifiés non prévus en janvier 2020. Un an avant, en janvier 2019, EDF prévoyait pour l’année, une indisponibilité inférieure de 7,2 GW à l’indisponibilité finalement constatée.
Si on compare l’année 2019, pendant laquelle le fonctionnement des centrales s’est déroulé dans des conditions plus normales, cette différence avec 2020 représente donc en moyenne 3,9 GW (11 – 7,2 = 3,9 GW).
Il est possible d’en déduire que l’exploitation dégradée des centrales dans des conditions contraintes par la crise sanitaire en 2020 a induit une indisponibilité moyenne supplémentaire de 3,9 GW par rapport à 2019, soit l’équivalent environ d’un volume de 34 TWh.